martedì 22 ottobre 2019

Avoir été adopté nuit-il au parcours d'un enfant?



Par O. Lapirot
A priori les enfants adoptés évoluent aussi bien que les autres, même si des difficultés spécifiques sont parfois constatées.
L'association Enfance et familles d'adoption (EFA) a publié les résultats d'une enquête menée auprès d'enfants adoptés âgés de 15 à 30 ans. Premier constat : ils s'intègrent bien, même si 65 % d'entre eux disent avoir été victimes de discriminations en raison de leur apparence étrangère (les Français adoptaient à 80 % à l'étranger dans les années 2000). Quatre sur cinq jugent "toujours bonnes" leurs relations avec leurs parents adoptifs et savent qu'ils peuvent compter sur eux.
Néanmoins, leur scolarité semble difficile. C'est ce qu'ont établi deux chercheurs de l'Université de Leiden (Pays-Bas) qui ont passé au crible 62 études comparant les performances scolaires des enfants adoptés avec, d'une part, celles de leurs frères et sœurs restés dans leur famille d'origine ou à l'orphelinat et, d'autre part, celles des enfants biologiques de la famille adoptante.
L'héritage des difficultés de l'enfance
Résultat : les adoptés réussissent mieux que leur fratrie non adoptée, mais moins bien que les enfants biologiques de leur nouvelle famille.
L'enquête EFA parvient au même constat : alors que 92 % des enfants biologiques des familles adoptantes sont orientés en filière générale, seuls 50 % des garçons et 65 % des filles adoptés le sont. Par conséquent, sur les 20-30 ans, 53 % des adoptés ont le bac, contre 90 % des enfants biologiques. L'enquête française révèle que les difficultés scolaires des adoptés sont en fait corrélées aux problèmes de santé et de maltraitance qu'ils ont pu connaître dans la petite enfance.
Ainsi, les adoptés qui n'ont pas été confrontés à ces problèmes sont 10 % de plus à être orientés vers une filière générale (59 % des garçons, 74 % des filles). Et le taux de bacheliers parmi eux monte à 66 %.
Le rôle de la famille d'accueil dans le développement intellectuel des adoptés apparaît, de fait, comme déterminant. Une étude menée par des chercheurs de l'Inserm a ainsi montré que des enfants à la limite de la débilité légère, retirés à leurs parents après avoir été victimes de maltraitance et adoptés entre 4 et 6 ans, connaissaient une augmentation de leur quotient intellectuel (de 14 points en moyenne) à l'adolescence.
Des troubles psychiatriques plus frequents
Selon une étude menée par les universités de Stockholm et d'Uppsala (Suède), les personnes adoptées sont également plus touchées par des troubles psychiatriques (toxicomanie, suicide...) que la population générale : 5 %, contre 2 %. Pour Marie-Odile Pérouse de Mont-clos, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, "il n'existe pas un trouble spécifique à l'adoption, mais des symptômes qui s'expliquent par ce qu'a vécu chaque individu, la maltraitance, la dénutrition, l'orphelinat... Ce sont les enfants ayant eu un parcours difficile qui montrent des troubles psychiatriques. S'ils ne sont pas pris en charge, ils s'adaptent en surface et explosent à l'adolescence."
Quant aux enfants ayant été adoptés par des familles homoparentales, ils ne présentent pas de spécificité en termes de bien-être, de développement intellectuel ou d'adaptation pyschosociale, d'après Benoît Schneider, de l'Université de Lorraine, et Olivier Vecho, de l'Université Paris Nanterre, qui ont passé au crible 14 études sur le sujet.
Questions en suspens
Des questions sur le devenir des enfants adoptés, notamment après l'âge de 30 ans, restent cependant en suspens. D'après une étude à paraître, réalisée par Anders Hjern, de l'Université de Stockholm, et consacrée à l'adaptation sociale des adoptés de 28 à 35 ans, ces derniers connaîtraient un taux de chômage plus élevé et deviendraient moins souvent parents.
Quelles que soient les difficultés éprouvées par ces enfants, le rôle des parents adoptifs dans leur développement intellectuel et affectif reste crucial.

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