A priori les enfants adoptés
évoluent aussi bien que les autres, même si des difficultés spécifiques sont
parfois constatées.
L'association
Enfance et familles d'adoption (EFA) a publié les résultats d'une enquête menée
auprès d'enfants adoptés âgés de 15 à 30 ans. Premier constat : ils s'intègrent
bien, même si 65 % d'entre eux disent avoir été victimes de discriminations en
raison de leur apparence étrangère (les Français adoptaient à 80 % à l'étranger
dans les années 2000). Quatre sur cinq jugent "toujours bonnes" leurs
relations avec leurs parents adoptifs et savent qu'ils peuvent compter sur eux.
Néanmoins, leur scolarité semble
difficile. C'est ce qu'ont
établi deux chercheurs de l'Université de Leiden (Pays-Bas) qui ont passé au
crible 62 études comparant les performances scolaires des enfants adoptés avec,
d'une part, celles de leurs frères et sœurs restés dans leur famille d'origine
ou à l'orphelinat et, d'autre part, celles des enfants biologiques de la
famille adoptante.
L'héritage des difficultés de
l'enfance
Résultat : les
adoptés réussissent mieux que leur fratrie non adoptée, mais moins bien que les
enfants biologiques de leur nouvelle famille.
L'enquête EFA
parvient au même constat : alors que 92 % des enfants biologiques des familles
adoptantes sont orientés en filière générale, seuls 50 % des garçons et 65 %
des filles adoptés le sont. Par conséquent, sur les 20-30 ans, 53 % des adoptés
ont le bac, contre 90 % des enfants biologiques. L'enquête française révèle que
les difficultés scolaires des adoptés sont en fait corrélées aux problèmes de
santé et de maltraitance qu'ils ont pu connaître dans la petite enfance.
Ainsi, les
adoptés qui n'ont pas été confrontés à ces problèmes sont 10 % de plus à être
orientés vers une filière générale (59 % des garçons, 74 % des filles). Et le
taux de bacheliers parmi eux monte à 66 %.
Le rôle de la
famille d'accueil dans le développement intellectuel des adoptés apparaît, de
fait, comme déterminant. Une étude menée par des chercheurs de l'Inserm a ainsi
montré que des enfants à la limite de la débilité légère, retirés à leurs
parents après avoir été victimes de maltraitance et adoptés entre 4 et 6 ans,
connaissaient une augmentation de leur quotient intellectuel (de 14 points en
moyenne) à l'adolescence.
Des troubles psychiatriques
plus frequents
Selon une étude
menée par les universités de Stockholm et d'Uppsala (Suède), les personnes
adoptées sont également plus touchées par des troubles psychiatriques
(toxicomanie, suicide...) que la population générale : 5 %, contre 2 %. Pour
Marie-Odile Pérouse de Mont-clos, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, à
Paris, "il n'existe pas un trouble spécifique à l'adoption, mais des
symptômes qui s'expliquent par ce qu'a vécu chaque individu, la maltraitance,
la dénutrition, l'orphelinat... Ce sont les enfants ayant eu un parcours
difficile qui montrent des troubles psychiatriques. S'ils ne sont pas pris en
charge, ils s'adaptent en surface et explosent à l'adolescence."
Quant aux
enfants ayant été adoptés par des familles homoparentales, ils ne présentent
pas de spécificité en termes de bien-être, de développement intellectuel ou
d'adaptation pyschosociale, d'après Benoît Schneider, de l'Université de
Lorraine, et Olivier Vecho, de l'Université Paris Nanterre, qui ont passé au
crible 14 études sur le sujet.
Questions en suspens
Des questions
sur le devenir des enfants adoptés, notamment après l'âge de 30 ans, restent
cependant en suspens. D'après une étude à paraître, réalisée par Anders Hjern,
de l'Université de Stockholm, et consacrée à l'adaptation sociale des adoptés
de 28 à 35 ans, ces derniers connaîtraient un taux de chômage plus élevé et
deviendraient moins souvent parents.
Quelles que
soient les difficultés éprouvées par ces enfants, le rôle des parents adoptifs
dans leur développement intellectuel et affectif reste crucial.
Nessun commento:
Posta un commento